….et on en parle dans Libération

Après 10 semaines de grève, les membres du collectif des bas salaires de Paris ont plus que jamais besoin de soutien.

Jeudi 26 mars, le Collectif contre la précarité à l’EHESS et Solidaires étudiant-e-s ont tenu une table au bâtiment France avec des gâteaux et du café et thé à prix libre, afin de faire connaître la grève des personnel-le-s administratives/ifs de Paris 8 et de remplir leur caisse de grève. La table a été un succès: nous sommes resté-e-s 3 bonnes heures, nous avons interpellé beaucoup de monde en distribuant des tracts, eu de nombreuses discussions. Au total nous avons récolté 180 € que nous avons remis aux grévistes à la fin de la journée: ils et elles étaient très contents de nous voir et de voir qu’on leur apportait de l’argent, elles/ils nous remercient chaleureusement.

Après plus de six mois de mobilisation, six semaines de grèves et deux heures et demi de camping sur le campus des Quais, la mobilisation des enseignant-e-s vacataires précaires sort victorieuse du bras de fer avec la présidence de l’université.
La présidencede l’Université Lyon 2 a enfin plié et concédé
– le remboursement des frais d’inscription (hors sécurité sociale) pour tou-te-s les étudiant-e-s enseignant-e-s vacataires de l’année 2014-2015;
-la création d’une commission tripartite composée pour un tiers de vacataires enseignant-e-s chargée de plancher sur les conditions de recrutement.
Nous nous félicitons de cette première victoire, mais il faut rester vigilant-e-s sur l’application de cesengagements ainsi que sur la poursuite du règlement de la situation du point de vue des contrats et de la mise en paiement des heures, ainsi que sur la prise en compte de la revendication de pérennisation de la procédure d’exonération sur la base du service prévisionnel dès le premier TD pour les années qui suivront.
Les revendications portentégalement sur d’autres aspects, comme la limitation des effectifs en TD à 30 étudiant-e-s, l’ouverture de postes, l’engagementferme sur la tenue des TD un mois à l’avance et la revalorisation du taux horaire des TD.

Précarité à l’université, féminisme, quel rapport?

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On pense qu’il y en a plus d’un! Parce que les précaires, c’est d’abord des femmes, parce que femmes sont les premières touchées par la précarité et qu’elles le sont demanière particulière. Les coupes budgétaires dans les services publics ont des conséquences directes sur les conditions de vie des femmes : non seulement les employé·e·s du secteur public sont majoritairement des femmes, et elles sont donc très touchées par les suppressions de postes et l’intensification des rythmes de travail, mais la casse des services publics porte aussi atteinte aux femmes en tant qu’usagères des crèches, des écoles, des hôpitaux, des centres sociaux.

Dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR), les femmes ont beaucoup plus de mal à accéder aux postes les plus prestigieux et les mieux rémunérés: en 2014, les femmes représentaient 44 % des maîtres de conférence mais seulement 24 % des professeurs des universités (le grade le plus élevé chez les enseignants-chercheurs/euses) (voir l’article d’Isabelle Backouche, Olivier Godechot et Delphine Naudier, « Un plafond à caissons : les femmes à l’EHESS » pour la situation dans notre école).

Parmi les agent-e-s administratifs/ives et techniques, les femmes sont sur-représentées dans les échelons les plus bas, dans les postes les plus précaires. Dans l’ESR, comme dans les autres secteurs d’activité, le harcèlement sexuel est une réalité. Dans le cas de la thèse, le rapport à la fois très individuel et très hiérarchique entre une doctorante et son directeur de recherche rend d’autant plus difficile la dénonciation du harcèlement. Par ailleurs, lorsqu’on est étudiante et que l’on « tombe » enceinte ou qu’on a un ou plusieurs enfants, il est très compliqué de faire valoir ses droits à un congé maternité, à des aménagements, ou même tout simplement de poursuivre des études…

Pour que soient respectés aujourd’hui et toujours: nos choix, nos désirs, nos besoins

Alors on relaye l’agenda des événements de cette semaine de mobilisation féministe à l’EHESS :

* Lundi 2 mars : réunion  » Pas de libération des femmes sans révolution socialiste… et réciproquement !  » – 19h, 96 bd Raspail, salle des étudiantEs — organisé par le Comité du NPA de l’EHESS

* Mardi 3 mars : invitation de grévistes de Paris 8 et de personnes mobiliséEs sur Orsay pour une réunion « Femmes, austérité et précarité dans l’enseignement supérieur et la recherche «  18h, salle Jean-Pierre Vernant, au 190 avenue de France — organisé par le CPE (Collectif contre la Précarité à l’EHESS).

* Mercredi 4 mars : projection du film « Coup pour coup », salle 5 au 105 bd Raspail – organisé par Solidaires EtudiantEs EHESS

* Jeudi 5 mars: réunion sur le « Consentement », 18h salle 587 au 190 avenue de France – organisé par CLIQUE (Collectif de Lutte Intersectionnel QUEer féministe de l’EHESS)

* Vendredi 6 mars : Apérolutte de l’intime #1″Les vécus du consentement «  (Paris, XIIe arrondissement, lieu à confirmer)– organisé par CLIQUE

LE 5 MARS, JOURNÉE DE GRÈVE ET DE MOBILISATION dans l’enseignement supérieur et la recherche contre l’austérité et la précarité

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES PERSONNEL-LES ET ÉTUDIANT-E-S DE L’EHESS, 13H15, dans le hall du 190 avenue de France suivie d’un départ commun à la manifestation parisienne

photomanifcpe

Depuis le début de l’année universitaire, les luttes, souvent éparses, se multiplient dans les facs, les labos, et les services administratifs des universités. Pour autant, elles peinent à se coordonner. D’octobre à décembre, nous avons connu plusieurs journées de mobilisation, notamment autour du collectif Sciences en marches et des mobilisations à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. A l’EHESS, trois assemblées générales ont été organisées à l’initiative du Collectif contre la précarité à l’EHESS (CPE) et de Solidaires EtudiantEs, regroupant successivement plus de 30, 50 et 60 personnes (principalement des doctorant·e·s et personnel·le·s administratifs·ives), ainsi qu’une importante assemblée générale du personnel.le à l’appel des représentant·e·s syndicaux·les. Nous avons aussi participé à deux manifestations, l’une contre l’austérité dans la fonction publique, l’autre contre les coupes budgétaires dans l’ESR.

Depuis janvier, plusieurs foyers de contestations ont émergé dans les universités et tentent de se coordonner. A Paris 8 (Saint Denis), environ 60 personnel·le·s administratifs·ives sont en grève depuis le 19 janvier pour lutter pour de meilleurs salaires et l’embauche des vacataires. A Lyon 2, les doctorant·e·s vacataires ont débuté leur grève le 26 janvier, afin d’exiger la signature de leurs contrats de travail et le versement de leurs salaires, pour des cours pourtant donnés depuis octobre dernier. A Paris 11 (Orsay), deux AG de plus de 250 et 500 étudiant·e·s se sont tenues afin d’exiger de l’État de verser les 5 millions d’euros qui manquent dans les comptes de l’université pour 2015. Et cela bouge aussi chez les vacataires à Paris 13. Tous ces mouvements appellent à l’extension de la lutte dans les différentes facs, et la coordination des initiatives existantes. Le Collectif contre la précarité à l’EHESS invite pour cela des personnes mobiliséEs de Paris 8 et d’Orsay le mardi 3 mars à 18h au bâtiment Le France pour une réunion intitulée « Femmes, austérité et précarité dans l’enseignement supérieur et la recherche », où les grévistes viendront nous parler de leur lutte en cours.

Ce jeudi 5 mars, une journée nationale de grève est organisée dans l’enseignement supérieur et la recherche, suite à un appel lancé par l’AG de la fac d’Orsay. Cet appel est repris par les organisations syndicales étudiantes et de personnel·le·s de l’ESR. Un préavis de grève nationale a été déposé, pour toutes les catégories de personnel. Il s’agit d’un point d’appui pour construire une mobilisation nationale contre les politiques délétères du gouvernement dans les universités : extension des lois d’autonomie, politiques de regroupement, financements par projets, généralisation de la précarité chez les personnel·le·s, étudiant·e·s, et jeunes chercheurs/euses, etc. A l’EHESS, il faut se saisir de cette date du 5 mai pour enfin exprimer la colère qui gronde

– chez les personnel·le·s administratifs·ives et techniques, face au manque de reconnaissance de la part de la hiérarchie, aux multiples formes de pressions, aux bas salaires, aux décisions arbitraires.
– chez les étudiant·e·s et les jeunes chercheurs/euses, face au non-financement de nos études pour la très-grande majorité d’entre-nous, aux multiples injonctions au travail « bénévole » gratuit, au manque de reconnaissance de l’importance de notre travail.
– chez l’ensemble des membres de l’École face aux politiques d’austérité et de précarité dans l’enseignement supérieur et la recherche, qui nuit gravement à la qualité de ce service public et à son accessibilité à toutes et tous.

Le mardi 3 mars, le CPE invite des grévistEs de Paris 8 ainsi que des personnes mobiliséEs de la fac d’Orsay Paris-Sud pour une réunion intitulée  » Femmes, austérité et précarité dans l’enseignement supérieur et la recherche  » 

(18h, au 190 avenue de France,  salle Jean-Pierre Vernant – 7e étage)

Venez nombreux-ses!

 Sans titre

Quelques informations sur la grève en cours à Paris 8:

Leur grève a débuté le 19 janvier dernier, elles sont une cinquantaine (90 au début du conflit), pour la majorité des femmes, employées administratives et techniques, et elles en ont ras-le-bol ! Assez des salaires bloqués qui se font sans-cesse rattraper par le SMIC, assez de la perspective d’une retraite de 700 euros pour 30 ans de service à l’université, assez aussi des contrats précaires qui se multiplient ces derniers temps (30 % de vacataires à Paris 8).

Elles ont donc décidé de s’organiser sous la forme d’un « Collectif des bas salaires », pour faire enfin entendre leurs voix. Leurs revendications ont évolué et se sont affinées au cours de la lutte. Elles se structurent aujourd’hui autour de trois points :

  • REJET DU DECRET LEBRANCHU (qui instaure un système de prime au résultat et amplifie la compétition entre les personnels)
  • REVALORISATION GENERALE DES SALAIRES
  • TITULARISATION DES PERSONEL-LE-S PRECAIRES

Pour beaucoup d’entre-elles, il s’agit de la première expérience de lutte collective d’une telle ampleur. Pas vraiment soutenues au départ par les organisations syndicales, elles ont donc d’abord tenté d’interpeller la présidente de l’Université : refus en bloc des revendications des grévistes, sous prétexte de pénurie budgétaire et que les personnels de catégorie C touchent déjà des primes au détriment des autres catégories de personnels … Madame Tartakovsky aurait-elle omis de rappeler le montant deson propre salaire mensuel (5.000 euros) et de sa prime annuelle (45.000 euros) ? Face au mépris de leur direction et aux menaces, les grévistes ont persévéré. Elles ont tout d’abord mis en place une pétition,  puis elles ont organisé une caisse de grève, outil rapidement inévitable pour tout conflit qui souhaite durer dans le temps. Afin de s’attirer la  solidarité de la part des étudiant-e-s et des professeur-e-s de Paris 8, elles tiennent une table de manière quotidienne pour informer de leur lutte et faire signer leur pétition. L’UFR d’Arts a d’ailleurs affirmé son soutien aux grévistes, et des étudiant-e-s solidaires sont intervenu-e-s plusieurs  fois en amphi afin de populariser leur combat. … et LA LUTTE PAYE !
Sentant le rapport de force s’inverser, la présidente a bien été obligée de revoir sa copie, en recevant à nouveau les grévistes et en formulant des propositions de fin de conflit. A chaque fois les propositions étaient dérisoires, mais à la hausse : proposition d’un salaire net de 59€ /mois au lieu des 98 euros demandés. A l’heure où ces lignes sont écrites, on s’achemine doucement vers une sortie de conflit victorieuse. La décision finale reste à Madame Tartakovsky. Mais les grévistes ont un atout de poids de leur côté : ce sont bien elles qui font tourner l’université au quotidien, et la présidence ne pourra plus se passez bien longtemps de leur précieux et sous-payé service.

voir aussi l’article du Parisien sur les grévistes

Le CPE est solidaire de la grève commencée par le collectif des vacataires précaires  de Lyon II dans le département de sciences politiques! Nous relayons ici leur appel à la grève.

 

Appel des enseignants vacataires du département de Science Politique

 Nous, vacataires du département de science politique, travaillons depuis septembre 2014 sans aucun contrat de travail et sans rémunération. Après les diverses promesses de la DRH et de la présidence de l’université (« des contrats au 31 octobre » ; « régularisation des situations en janvier 2015 »), force est de constater que la situation est inchangée. Etant donné que le second semestre a débuté sans aucune amélioration de notre situation, la majeure partie d’entre-nous, avons décidé de se mettre en grève et appelons l’ensemble des vacataires de notre université à faire de même ; et l’ensemble des titulaires et des étudiants à se solidariser avec ce mouvement !

Nous exigeons immédiate la signature des contrats de travail pour tous les vacataires du premier et du second semestre. Et l’opération de « rétention des notes » se poursuit jusqu’à l’activation de la mise en paiement des vacataires. Face à cette situation toujours plus catastrophique nous exigeons toujours :
• Un contrat signé avant de commencer les cours, non conditionné à l’inscription administrative
•  Le paiement mensualisé dans le mois qui suit des heures effectuées
•  La précision dans le contrat de travail du délai de rémunérations ainsi que des « tâches annexes » à la charge d’enseignement qui doivent être rémunérées (paiement des surveillances de partiels, corrections de copies, réunions …)
•  L’envoi immédiat de la feuille de paie en même temps que le versement du salaire
•  Un engagement ferme sur la tenue des TD au moins un mois avant le début des cours, c’est à dire pas de fermeture de TD quelques jours avant le début du semestre
•  Αmélioration de la visibilité des procédures de recrutement.

 
Mais aussi :
• L’augmentation du nombre de contrats statutaires : CDU, ATER et MCF
• La limitation à 30 étudiant-e-s par TD
• Le remboursement des déplacements pour les vacataires n’étant pas de Lyon et le remboursement par l’université de 50% de l’abonnement de transport
•  La simplification de la procédure d’inscription en doctorat
•  La gratuité de l’inscription pour les doctorant.e.s, et étudiant.e.s employé.e.s par l’université, quel que soit leur statut
•  Une harmonisation des contrats de travail entre les différentes composantes

Face à la diminution des crédits et à la diffusion d’une gestion managériale dans l’enseignement supérieur et la recherche, la précarité est devenue la nouvelle norme du monde universitaire. La concurrence de tous contre tous s’installe : entre universités, laboratoires, équipes et étudiant-e-s. Elle favorise le clientélisme, creuse les inégalités sociales et le caractère élitiste des études supérieures.

Après le doctorat, quelles perspectives ? Le gel de postes statutaires pousse les universités à avoir de plus en plus recours à des CDD, sans couverture sociale ni droit du travail. Les emplois précaires se généralisent: l’espoir d’avoir un jour un poste font de nous une main d’œuvre corvéable à merci.

Étudiant-e-s à l’EHESS, nous sommes touché-e-s de plein fouet par cette précarité grandissante.  Seul-e-s 9% des doctorant-e-s disposent d’un contrat doctoral.

– Peu de contrats doctoraux et toujours moins de financements pour nos études et nos terrains
– Des personnel-le-s débordé-e-s et moins disponibles pour nous accompagner dans nos démarches
– Un manque total d’information et une attribution opaque des financements
– Une absence d’espaces de travail, de rencontre et d’expression
– Une gestion corporatiste de l’École qui muselle la parole des étudiant-e-s et des personnel-le-s

Enseignant-e-s, personnel-le-s, masterant-e-s, doctorant-e-s avec ou sans contrat doctoral : face à la division, récréons des espaces de solidarité ! Dans de nombreuses universités en France, la contestation croît et des collectifs de précaires se coordonnent. À l’EHESS, un collectif réunissant étudiant-e-s et personnel-le-s s’est récemment créé: rejoignez-nous!